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les mots, un besoin; la littérature, un pari accueil bonjour tout le monde ! 6 03 2009 juste faire le pari de la « littérature » le mot semble prétentieux, intimide , et pourtant… juste se saisir des mots, pour tenter de dire la distance au « réel » qui fait de chacun de nous un être singulier et inscrit ceux qui choisissent de communiquer par ce registre dans un espace de singularités partagées donc voici ce blog, avec d’un côté (voir ci contre la rubrique « catégories « ) , ce que j’écris, dès que possible (ou presque), des haikus , petits éclats de langage minimalistes d’un autre, des fragments de textes que j’ai écrits il y a déjà quelques temps, abandonnés longtemps, que je pose là, dans l’attente que d’autres s’en emparent, ou m’encouragent; finalement je ne sais pas bien ce que j’attends d’un troisième côté, un atelier , où je propose des situations d’écriture, à vous d’y laisser, ou non, vos mots ensuite, juste pour l’envie de partager, la référence ou révérence à des auteurs, grands ou petits maîtres , qui, depuis maintenant trente ou quarante ans, nourrissent mon amour des mots voilà, j’espère avoir suffisamment de compétences techniques pour maintenir ce blog vivant, aussi longtemps que vous aimerez y chercher des mots qui puissent embellir votre quotidien vers vous, je lance des mots; en vous, ils rebondissent; et vous y répondez, (attention, les photos sont lourdes et longues à charger… j’essaie d’y remédier) commentaires : 5 commentaires » catégories : non classé bosquet alain 20 06 2011 p { margin-bottom: 0.21cm; } (j’ai acquis ce petit volume il y a déjà longtemps et l’ai oublié sur une étagère. depuis peu, je l’ai déperché, et l’ouvre de temps à autre. il passe pour devenir un fidèle compagnon. juste un poème pour vous, (presque) au hasard) comprendre on a souffert. on s’est surpris à trop aimer. on a rendu, mais on ne sait trop à qui, les coups du sort. on a jeté parmi les linges sales un front très pur, et faisait-il partie d’un corps ? on a tué son ombre : elle est ressuscitée la nuit, dans le sommeil, plus lourde. on a menti pour faire mal à la musique. on a rouvert la blessure du doute. on a parlé aux chiens qui ne répondent pas, aux arbres qui déçoivent, aux murailles de fer. on a feint d’être l’autre pour se comprendre à deux, ou pour mieux se méprendre sur le sens du hasard. on a réduit l’espace à celui de la chair. on a gonflé le temps comme un ballon qui crève. on a eu peur de soi. bosquet alain, chroniques pour une fin de siècle , paris, nrf, poésie/gallimard, 1980, p. 93 commentaires : aucun commentaire » catégories : les maitres calaferte louis 20 06 2011 p { margin-bottom: 0.21cm; } (la découverte des poèmes de calaferte a été, pour moi, un véritable choc. ce recueil est devenu dès son achat un ami, comme des reproductions de tableaux de cézanne ou l’étranger, ou noces, de camus… c’est léger, c’est fort, c’est doux, c’est cruel, c’est puissant, bref, c’est beau. puissiez vous aimer cela! juste un petit extrait, débordant de tendresse et de sensualité.) à tous tes jeux de devinettes quelquefois je perds mon latin hier tu étais alouette et aujourd’hui petit lapin tu es dragon ou tu es reine au payse des vieux continents et je ne te suis qu’à grand peine si tu te fais prêtre anglican mais moi aussi je te devine quand tu mets tes bras à mon cou que tu deviens fauve et câline de la houle dans tes yeux fous et nous nous enfouissons dans des comas de laine calaferte louis, ragtime, paris, nrf, poésie/gallimard, 1996, p. 137 commentaires : aucun commentaire » catégories : les maitres deguy michel 20 06 2011 p { margin-bottom: 0.21cm; } (mettre les mots en chaos, en accepter toutes les fractures… les textes de michel deguy, pour moi, ressemblent à des tremblements de terre. la lecture en est exigeante, rapidement fatigante : à consommer donc avec modération. mais je ne peux me départir d’une grande admiration pour cet auteur : faut drôlement être courageux pour publier ça.) leçons des ténèbres (extrait) (…) mais qui désire prendre en charge comment cet autre cette autre ce visage si près cette femme devenant homme à force d’être proche et la psycho de sa voix off le long des dents grossies des yeux rançonnés d’expression et du gros plan du sexe par où ré gresser de géné en génération (ce visage sans yeux, sans, ce visage écrasé, tassé, réduit ce plissement de cyclope, ce visage sans ivoire, cette image sans parole, cette ride de sang cette femme qui rit ce supplice cette lèvre gorgée cette face méconnaissable ces ouïes sans ouïe, sans, qui parle en haut par ce visage d’apparat, ce substitut fardé, cette poupée ventriloque, lichen plié, la fendue) qui peut prétendre être un qui s’intéresse qui donnerait de la vie pour le tout près venu faire semblance nous vivons d’anciennes alliances tendrement enlacés comme au supplice décrit par aristote chacun lié avec son cadavre exquis tenant l’autre pour cadavre je te prends par la peau par les yeux le premier de nous deux qui pleure aura la vérité j’aime ta maison j’aime ton souci ton tort absolu mille témoins en jureront la complète confusion des langues l’expérience à ton corps défendant (ecchymoses ravinement chystes malignes canities sutures) du sort de toi abandonné à la violence je te confonds ! le désir de la mort usurpe la vérité, en dose l’arsenic. deguy michel, donnant donnant, poèmes 1960-1980, nrf, poésie gallimard, 2006, pp. 298-299 commentaires : aucun commentaire » catégories : les maitres neruda pablo 20 06 2011 p { margin-bottom: 0.21cm; } (un merveilleux recueil, la centaine d’amour, ou cent sonnets -sansonnets?- pour célébrer l’amour du pablo pour sa – ou ses? – belle-s- ; on goûte aux premiers innocemment, on s’attache aux suivants, on dévore les derniers……. au final, un cours en cent leçons d’une infinie sensualité. juste trois extraits, ou l’eau à la bouche…) 20 toi ma laide, tu es une châtaigne hirsute, toi ma belle, tu es belle comme le vent, ma laide, de ta bouche on peut en faire deux, ma belle, tes baisers sont des pastèques fraîches. ma laide, tes deux seins où les as-tu cachés ? ils sont petits, petits, comme deux coupes de blé, quand j’aimerai voir deux lunes sur ta poitrine : les tours géantes de ta souveraineté. laide, en sa boutique, la mer n’a pas tes ongles, belle, fleur après fleur, étoile par étoile, vague par vague, amour, moi j’ai compté ton corps : ma laide, je t’aime pour ta ceinture d’or, ma belle, je t’aime pour la ride à ton front, mon amour, j’aime en toi le clair avec l’obscur. 27 aussi simple que l’est ta main, te voici nue : lisse, terrestre, fine et ronde, transparente, tu as des lignes de lune, chemins de pomme, toute nue, tu es mince comme le blé nu. nue, tu es bleue, du bleu de la nuit à cuba, l’étoile en tes cheveux se mêle au liseron, toute nue tu es jaune et tu es gigantesque, on dirait un été dans une église d’or. nue te voici petite ainsi qu’un de tes ongles, courbe, rose, subtile, jusqu’au point du jour qui te verra rentrer au souterrain du monde comme en un long tunnel de travaux, de costumes : et ta clarté s’éteint, et s’habille et s’effeuille et devient à nouveau une main toute nue. 44 sache que je ne t’aime pas et que je t’aime puisque est double la façon d’être de la vie, puisque la parole est une aile du silence, et qu’il est dans le feu une moitié de froid. mais je t’aime afin de commencer à t’aimer, afin de pouvoir recommencer à l’infini et pour que jamais je ne cesse de t’aimer : c’est pour cela que je ne t’aime pas encore. je t’aime et je ne t’aime pas, c’est comme si j’avais entre mes deux mains les clés du bonheur et un infortuné, un incertain destin. mon amour a deux existences pour t’aimer. pour cela je t’aime quand je ne t’aime pas et c’est pour cela que je t’aime quand je t’aim e. (neruda pablo, la centaine d’amour, traduction de j. marcenac et a. bonhomme paris, nrf, poésie gallimard, 1995, pp. 51, 65, 101) commentaires : aucun commentaire » catégories : les maitres un poeme et quelques fragments d’andré hardelle